Entretien avec Sara Lazar neuroscientifique sur les bénéfices de la méditation

Article traduit de la Washington Post :

Une neuroscientifique de Harvard : La méditation ne réduit pas seulement le stress, voici comment elle modifie votre cerveau

Sara Lazar, neuroscientifique au Massachusetts General Hospital et à la Harvard Medical School, a été l’une des premières scientifiques à se pencher sur les affirmations anecdotiques concernant les bienfaits de la méditation et de la pleine conscience et à les tester à l’aide de scanners cérébraux. Ce qu’elle a découvert l’a surprise : la méditation peut littéralement changer votre cerveau. Elle explique :

Q : Pourquoi avez-vous commencé à étudier la méditation, la pleine conscience et le cerveau ?

Lazar : Avec un ami, nous nous entraînions pour le marathon de Boston. J’ai consulté un kinésithérapeute qui m’a conseillé d’arrêter de courir et de m’étirer. J’ai donc commencé à pratiquer le yoga comme une forme de thérapie physique. J’ai commencé à me rendre compte que c’était très puissant, qu’il y avait de réels avantages, et je me suis donc intéressé à la manière dont cela fonctionnait.

Le professeur de yoga faisait toutes sortes d’affirmations, comme quoi le yoga augmenterait votre compassion et ouvrirait votre cœur. Je me disais : « Oui, oui, oui, je suis là pour m’étirer ». Mais j’ai commencé à remarquer que j’étais plus calme. Je pouvais mieux gérer les situations difficiles. J’étais plus compatissante, plus ouverte d’esprit et capable de voir les choses du point de vue des autres.

Je me suis dit qu’il s’agissait peut-être simplement d’une réaction placebo. Puis j’ai fait une recherche scientifique et j’ai découvert que la méditation était associée à une diminution du stress, de la dépression, de l’anxiété, de la douleur et de l’insomnie, ainsi qu’à une amélioration de la qualité de vie.

À ce moment-là, je passais mon doctorat en biologie moléculaire. J’ai donc changé d’orientation et j’ai commencé à faire cette recherche en tant que post-doctorante.

Q : Comment avez-vous mené vos recherches ?

Lazar : La première étude portait sur les méditants à long terme par rapport à un groupe témoin. Nous avons constaté que les méditants de longue durée avaient une quantité accrue de matière grise dans l’insula et les régions sensorielles, le cortex auditif et sensoriel. Ce qui est logique. Lorsque vous êtes attentif, vous prêtez attention à votre respiration, aux sons, à l’expérience du moment présent et vous mettez la cognition en veilleuse. Il est donc logique que vos sens soient renforcés.

Nous avons également constaté qu’ils avaient plus de matière grise dans le cortex frontal, qui est associé à la mémoire de travail et à la prise de décision exécutive.

Il est bien connu que notre cortex rétrécit avec l’âge – il est plus difficile de comprendre et de se souvenir des choses. Mais dans cette région du cortex préfrontal, les méditants de 50 ans avaient la même quantité de matière grise que les personnes de 25 ans.

La première question était donc de savoir si les personnes qui avaient plus de matière grise dans l’étude avaient plus de matière grise avant de commencer à méditer. Nous avons donc réalisé une deuxième étude.

Nous avons pris des personnes qui n’avaient jamais médité auparavant et nous avons soumis un groupe à un programme de réduction du stress basé sur la pleine conscience, d’une durée de huit semaines.

Q : Qu’avez-vous découvert ?

Sara Lazar : Après huit semaines, nous avons constaté des différences de volume cérébral dans cinq régions différentes du cerveau des deux groupes. Dans le groupe qui a appris la méditation, nous avons constaté un épaississement dans quatre régions :

1. La principale différence se situe dans le cingulum postérieur, qui est impliqué dans le vagabondage de l’esprit et la pertinence de soi ( réseau par défaut).

2. L’hippocampe gauche, qui contribue à l’apprentissage, à la cognition, à la mémoire et à la régulation émotionnelle.

3.  La jonction temporo pariétale, ou TPJ, qui est associée à la prise de recul, à l’empathie et à la compassion.

4. Une zone du tronc cérébral appelée Pons, où sont produits de nombreux neurotransmetteurs régulateurs.

5. L’amygdale, la partie du cerveau qui sert à combattre ou à fuir et qui est importante pour l’anxiété, la peur et le stress en général. Cette zone s’est rétrécie dans le groupe qui a suivi le programme de réduction du stress basé sur la pleine conscience.

La modification de l’amygdale a également été corrélée à une réduction des niveaux de stress.

Q : Combien de temps une personne doit-elle méditer avant de voir des changements dans son cerveau ?

Lazar : Nos données montrent des changements dans le cerveau après seulement huit semaines.

Dans le cadre d’un programme de réduction du stress basé sur la pleine conscience, nos sujets ont suivi un cours hebdomadaire. Ils ont reçu un enregistrement et ont été invités à pratiquer 40 minutes par jour chez eux. Et c’est tout.

Q : Donc, 40 minutes par jour ?

Lazar : Les résultats de l’étude ont été très variables. Certaines personnes pratiquaient 40 minutes pratiquement tous les jours. D’autres pratiquaient moins. D’autres encore ne le faisaient que quelques fois par semaine.

Dans mon étude, la moyenne était de 27 minutes par jour. Soit environ une demi-heure par jour.

Il n’existe pas encore de données fiables sur la quantité de pratique nécessaire pour en tirer des bénéfices.

Les professeurs de méditation vous le diront, bien qu’il n’y ait absolument aucune base scientifique à cela, mais des commentaires anecdotiques d’étudiants suggèrent que 10 minutes par jour pourraient avoir un certain bénéfice subjectif. Nous devons le vérifier.

Nous venons de commencer une étude qui, nous l’espérons, nous permettra d’évaluer la signification fonctionnelle de ces changements. Des études menées par d’autres scientifiques ont montré que la méditation peut contribuer à améliorer les capacités d’attention et de régulation des émotions. Mais la plupart d’entre elles n’étaient pas des études de neuro-imagerie. C’est pourquoi nous espérons maintenant réunir les sciences du comportement et de la neuro-imagerie.

Q : Compte tenu de ce que nous savons sur le plan scientifique, qu’encourageriez-vous les lecteurs à faire ?

Lazar : La pleine conscience est comme l’exercice. Il s’agit en fait d’une forme d’exercice mental. Et tout comme l’exercice physique améliore la santé, nous aide à mieux gérer le stress et favorise la longévité, la méditation prétend conférer certains de ces mêmes avantages.

Mais, tout comme l’exercice, elle ne peut pas tout guérir. L’idée est donc qu’elle est utile en tant que thérapie complémentaire. Il ne s’agit pas d’un traitement autonome. Elle a été testée pour de très nombreux autres troubles, et les résultats varient énormément – elle a un impact sur certains symptômes, mais pas sur tous. Les résultats sont parfois modestes. Et il ne fonctionne pas pour tout le monde.

Il est encore trop tôt pour essayer de comprendre ce qu’il peut ou ne peut pas faire.

Q : Alors, compte tenu de ces limites, que suggérez-vous ?

Lazar : La plupart des gens semblent y trouver leur compte. Le plus important, si vous voulez essayer, c’est de trouver un bon professeur. Parce que c’est simple, mais c’est aussi complexe. Vous devez comprendre ce qui se passe dans votre esprit. Un bon professeur n’a pas de prix

Q : Méditez-vous ? Et avez-vous un professeur ?

Lazar : Oui et oui.

Q : Quelle différence cela a-t-il fait dans votre vie ?

Lazar : Je pratique la méditation depuis 20 ans maintenant, ce qui a eu une influence très profonde sur ma vie. Cela m’a permis de m’ancrer dans la réalité. Cela réduit le stress. Cela m’aide à penser plus clairement. C’est excellent pour les interactions interpersonnelles. J’ai plus d’empathie et de compassion pour les gens.

Q : Quelle est votre pratique personnelle ?

Lazar : Elle est très variable. Certains jours, c’est 40 minutes. Certains jours, cinq minutes. Certains jours, pas du tout. C’est un peu comme l’exercice. Faire de l’exercice trois fois par semaine, c’est bien. Mais si vous ne pouvez en faire qu’un peu chaque jour, c’est aussi une bonne chose. Je suis sûr que si je m’entraînais davantage, j’en tirerais plus de bénéfices. Je n’ai aucune idée de si j’obtiens des changements cérébraux ou non. C’est juste que c’est ce qui fonctionne pour moi en ce moment.

La pleine conscience dans le traitement des troubles anxieux

Dans cet essai, la méditation s’est avérée être une option de traitement bien tolérée et d’une efficacité comparable à celle d’un traitement médicaments de première ligne (Escitalopram) pour les patients souffrant de troubles anxieux.

Problématique

Les troubles anxieux se caractérisent par des schémas de pensée problématiques et habituels.

La formation à la pleine conscience concentre spécifiquement l’esprit sur le moment présent.

Les individus s’entraînent ainsi à considérer les pensées et les sensations comme des phénomènes purement transitoires, qui ne sont pas nécessairement des reflets exacts de la réalité.

Ce processus de réévaluation améliore la régulation des émotions, et les individus deviennent moins réactifs aux pensées et aux sensations anxieuses.

En outre, la pleine conscience est pratiquée avec une attitude d’acceptation et de non-jugement, qui, au fil du temps, semble accroître l’acceptation de soi et l’autocompassion.

Il convient de noter que, dans le cadre de cet essai, la MBSR a été dispensée en personne par des enseignants de méditation qualifiés et disponibles chaque semaine pour répondre aux questions des patients et guider les pratiques, limitant ainsi les risques de confusion qui existent avec des applications ou des programmes de pleine conscience proposés sur Internet.

Vous pouvez ici lire un article en anglais sur cette étude.

Etude: Mindfulness-Based Stress Reduction vs Escitalopram

for the Treatment of Adults With Anxiety Disorders A Randomized Clinical Trial

Elizabeth A. Hoge, MD; Eric Bui, MD, PhD; Mihriye Mete, PhD; Mary Ann Dutton, PhD; Amanda W. Baker, PhD; Naomi M. Simon, MD, MSc

La science de l’ennui

Qu’est ce que vous pouvez apprendre de l’ennui

Au moins une fois par week-end, l’un de mes enfants – âgé de 8 et 11 ans – vient me voir en se lamentant : « Je m’ennuie. Il n’y a rien à faire ». Lorsque je leur rappelle toutes les choses qu’ils pourraient essayer (lire un livre, faire un projet artistique, jouer du piano), ils me regardent bizarrement

Il ne s’agit pas seulement des enfants, bien sûr. De nombreux adultes ont déclaré s’être ennuyés pendant les périodes de fermeture apparemment interminables de la pandémie. L’ennui peut également contribuer au manque d’engagement que de nombreuses personnes ressentent actuellement au travail. Certaines recherches suggèrent que les adolescents, eux aussi, ont ressenti plus d’ennui récemment que par le passé.

L’ennui n’est pas drôle, mais il peut être une source d’informations utiles. « Il survient lorsque nous faisons des choses qui ne semblent pas intéressantes ou satisfaisantes, et il nous pousse à vouloir faire autre chose », a déclaré Andreas Elpidorou, un philosophe qui étudie les émotions et la conscience à l’université de Louisville.

Les recherches suggèrent que l’ennui peut survenir pour une multitude de raisons et que le fait d’en découvrir la cause profonde peut nous aider à mieux choisir la façon dont nous passons notre temps – ou du moins à modifier nos expériences pour qu’elles soient plus gratifiantes. Voici comment mettre la science de l’ennui à votre service.

Comprendre pourquoi l’ennui se produit.

Erin Westgate, chercheuse à l’université de Floride, a passé des années à étudier les différents facteurs de l’ennui et a découvert que celui-ci se manifeste dans plusieurs types de situations.

Tout d’abord, nous pouvons ressentir de l’ennui lorsque nous sommes dans une position où nous ne pouvons pas prêter attention, soit parce que la tâche que nous faisons est trop facile, soit parce qu’elle est trop difficile. « Pour que vous puissiez être attentif et maintenir votre attention sur quelque chose, il faut que les demandes cognitives et les ressources cognitives soient équilibrées », a expliqué le Dr Westgate – en d’autres termes, les demandes de la tâche doivent correspondre à ce que votre cerveau peut y apporter.

Lorsque ce que nous faisons nous semble trop facile, nous ne pouvons souvent pas nous concentrer et notre inattention donne lieu à l’ennui. Cela peut se produire lorsque votre enfant vous oblige à jouer aux petites cheveaux une fois de plus ou « lorsque vous assistez à une réunion au cours de laquelle votre patron aborde le même sujet pour ce qui semble être la centième fois et que vous faites la sourde oreille », a déclaré Karen Gasper, une psychologue de l’université d’État de Pennsylvanie qui étudie l’influence des sentiments sur la vie des gens.

On peut également s’ennuyer lorsque ce que l’on fait semble difficile et accablant, par exemple lorsqu’on doit rédiger une note de service et que l’on ne sait pas par où commencer. De même, l’ennui peut survenir « lorsque vous regardez un film dont l’intrigue est complexe et que vous êtes tout simplement perdu », a déclaré le Dr Gasper.

Vous pouvez également ressentir de l’ennui lorsqu’une activité ne vous semble pas particulièrement significative. « Vous pouvez lire un livre dont l’intrigue est peu intéressante et prévisible. Vous êtes capable d’y prêter attention, mais vous n’en avez tout simplement pas envie », a expliqué le Dr Gasper. Lorsque les activités ne correspondent pas à nos objectifs ou à nos valeurs, elles nous incitent souvent à nous ennuyer et à nous sentir insatisfaits.

Et puis, bien sûr, il y a les situations où l’on ne fait rien et où l’on se sent apathique et ennuyé – ce qui arrive parfois lorsque nous avons des temps morts. Le Dr Westgate soupçonne que cela se produit parce que nous n’avons aucun objectif en tête dans ces moments-là, ce qui nous fait nous sentir perdus et mal à l’aise.

Si vous vous sentez désintéressé, le Dr Westgate a suggéré de réfléchir aux différentes causes pour déterminer ce qui provoque votre ennui. La tâche que vous effectuez est-elle trop difficile ou trop facile ? N’a-t-elle pas de sens pour vous ? Ne savez-vous tout simplement pas quoi faire de vous-même ? D’après son expérience, les gens peuvent facilement déterminer laquelle de ces questions est à l’origine du problème.

Si vous vous ennuyez parce que la tâche est trop facile ou trop difficile, modifiez-la.

Ensuite, il faut chercher à résoudre le problème, mais ce que vous ferez dépendra de la situation et de votre degré de flexibilité. La meilleure solution si vous vous ennuyez en faisant quelque chose est d’arrêter de faire cette chose et de faire autre chose. Mais l’école, le travail et la maison nous obligent souvent à faire des tâches ennuyeuses, encore et encore. Pire encore, lorsque nous avons l’impression de ne pas avoir le contrôle de nos actions, le manque d’autonomie peut aggraver l’ennui, a déclaré le Dr Westgate. Une étude classique a révélé que les personnes qui étaient forcées d’écouter des leçons ennuyeuses avaient l’impression que le temps passait plus lentement que les personnes qui avaient choisi de les écouter.

Si la tâche que vous effectuez vous semble trop facile, envisagez d’essayer quelque chose de nouveau ou de stimulant si vous en avez la possibilité, a déclaré le Dr Gasper. Peut-être que vos promenades quotidiennes commencent à vous ennuyer et que vous devriez plutôt envisager la randonnée ou l’escalade. Si vous n’avez pas d’autre choix que de continuer à faire cette tâche, réfléchissez à des moyens de la rendre plus complexe. Le Dr Elpidorou raconte qu’il a un jour interviewé un employé d’U.P.S. dont le travail consistait à décharger et à scanner des boîtes toute la journée, mais qui disait ne jamais s’ennuyer parce que lui et ses collègues jouaient à des jeux pour rendre le travail plus stimulant. La musique peut également aider, ajoute le Dr Westgate, car écouter de la musique « absorbe ces ressources attentionnelles supplémentaires dont vous disposez, de sorte que vous pouvez, paradoxalement, mieux vous concentrer sur cette chose sous-stimulante que vous faites ».

Si vous vous ennuyez parce que ce que vous faites est trop difficile, le Dr Westgate suggère de diviser la tâche en plus petites parties pour qu’elle soit plus facile à gérer. Fixez-vous comme objectif de rédiger une seule section de cette note de travail avant le déjeuner.

Si vous êtes coincé dans une tâche que vous ne trouvez pas significative, recadrez-la.

Lorsqu’une tâche obligatoire n’est pas intéressante parce qu’elle ne semble pas en valoir la peine, il peut être utile de réfléchir à l’utilité de la tâche, notamment à la façon dont elle pourrait aider à atteindre des objectifs plus importants, a déclaré le Dr Westgate. Par exemple, si votre enfant n’aime pas les mathématiques, encouragez-le à réfléchir à la façon dont les mathématiques pourraient servir ses intérêts à l’avenir – pourraient-elles l’aider à mieux réussir dans le métier de ses rêves ? Des recherches ont montré que ce type de cadrage aide les élèves à rester engagés et à mieux réussir à l’école.

Il peut également être utile de réfléchir à la façon dont une tâche apparemment ingrate sert les autres ou renforce le lien. Lorsque vous allez à l’épicerie, a dit le Dr Westgate, vous pouvez penser que c’est une perte de temps inutile, ou vous pouvez penser que c’est une tâche que vous faites pour garder votre famille en bonne santé et la nourrir. « Formulez les choses de manière à ce qu’elles aient de l’importance pour vous », a-t-elle suggéré.

Cela dit, si vous vous ennuyez constamment dans ce que vous faites, il serait judicieux de réfléchir à la possibilité d’éviter ces tâches, a déclaré le Dr Westgate, peut-être en déléguant des tâches ou en changeant de carrière. L’ennui fréquent peut aussi être un signe de dépression, a-t-elle ajouté, alors si vous trouvez que vous appréciez rarement les activités que vous faites – surtout si vous aviez l’habitude d’y prendre plaisir – vous devriez peut-être en parler à votre médecin.

Lorsque vous ne savez pas quoi faire de vous-même, ne vous accrocher pas sans fin à votre téléphone.

Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander quel rôle jouent les smartphones et les médias sociaux dans l’ennui. Est-ce que je défile autant sur Instagram parce que je m’ennuie ? La gratification instantanée dont je bénéficie pourrait-elle faire en sorte que je m’ennuie davantage lorsque j’essaie d’accomplir des tâches banales ? Personne ne le sait avec certitude, mais certaines recherches suggèrent que, bien que nous tendions la main vers nos téléphones pour atténuer l’ennui, la technologie peut également nous amener à nous ennuyer davantage. Le Dr Westgate a déclaré qu’elle craignait que la technologie ne nous empêche de réagir de manière constructive à notre ennui.

« Si vous êtes constamment en train d’apaiser ces sentiments d’ennui avec quelque chose comme un téléphone, au lieu de vous engager avec eux, je pense que cela vous prive d’un signal vraiment utile », a-t-elle déclaré. De plus, si vous attrapez votre téléphone chaque fois que vous vous ennuyez, cela peut vous empêcher de faire quelque chose d’autre que vous trouvez plus gratifiant.

Dans ces moments d’apathie où vous n’arrivez pas à trouver ce que vous voulez faire, il peut être utile de garder une liste mentale des activités que vous trouvez habituellement satisfaisantes et vers lesquelles vous pouvez vous tourner, a déclaré le Dr Elpidorou. Il peut s’agir de lire, de jouer d’un instrument, de dessiner, de tricoter ou de tout autre type de passe-temps. (Si votre téléphone vous permet de faire quelque chose que vous trouvez significatif, comme communiquer avec un ami ou faire des mots croisés, c’est bien aussi).

« Choisissez quelque chose que vous aimez normalement – vous êtes capable de le faire et avez généralement envie de le faire – et engagez-vous à le faire pendant quelques minutes. Avec un peu de chance, vous vous impliquerez dans cette activité et l’ennui disparaîtra », a suggéré le Dr Gasper.

J’ai essayé certaines de ces approches au cours des derniers jours, et elles se sont avérées utiles. Lorsque j’ai vu l’écran d’ordinateur vide qui se profilait devant moi au moment de rédiger ce bulletin, j’ai ressenti un sentiment d’ennui et j’ai pris mon téléphone – puis j’ai reconnu l’ironie du fait que je m’ennuie en écrivant sur l’ennui et j’ai eu un petit rire. Après cela, j’ai posé mon téléphone et je me suis concentré sur l’écriture d’un seul paragraphe à la fois.

Traduction d’un article de Melinda Wenner Moyer dans le New York Times

Pourquoi nous ne sommes pas heureux et comment y remédier

Il y a 4 comportements qui expliquent la souffrance psychologique dans beaucoup de pathologies que nous traitons en psychothérapie.

La bonne nouvelle est que ces 4 comportements peuvent être changés si nous nous engageons à modifier ces comportements à chaque fois qu’ils se présentent. Pour cela il est nécessaire de devenir conscient quand ils se présentent à nous.

Le premier comportement est l’évitement expérientiel de l’émotion. Personne n’a envie de se sentir anxieux, triste, honteux, coupable ou jaloux et c’est pour cette raison que nous fuyons des situations dans lesquelles ces émotions peuvent monter en nous.

Par exemple quand quelqu’un ressent un stress important lorsqu’il doit parler devant un groupe ou en public. Certaines personnes évitent soigneusement ces situations pour ne pas ressentir l’angoisse de dire des bêtises ou de ne pas être écouté par le public ou prennent les anxiolytiques pour que l’angoisse s’en aille. D’autres au contraire se prêtent à l’exercice, même lorsque l’anxiété ou le trac est important. La différence entre les deux comportements est que la première personne a un trouble anxieux, la deuxième personne est juste stressée.

Nous avons en effet beaucoup de moyens à notre disposition pour nous débarrasser de notre anxiété. Un des plus utilisé est l’alcool. Je rentre stressée à la maison et me voici avec un petit verre pour me détendre. J’ai un peu d’anxiété sociale dans cette fête et me voilà avec un cocktail ou une bière ou deux ou trois. Petit à petit, je ne peux me passer de ces anxiolytiques légaux et commence à devenir dépendant. Il est évident que mon anxiété ne peut pas diminuer naturellement ainsi. 

Il en va pas de même avec le couple tristesse et dépression. 
Un peu de tristesse peut surgir en moi de temps en temps avec le flot des émotions changeantes. Cette tristesse est passagère et la joie revient assez vite. Dans la dépression, je suis clouée au lit, je pense que je ne peux me débarrasser de ces émotions douloureuses, je me déconnecte des autres et à aucun moment je ressens du soulagement ou un peu de joie et cette humeur peut malheureusement être durable.  

Les personnes qui ne peuvent vivre leurs émotions, les laisser être là un temps finissent par développer des troubles dans la sphère émotionnelle et finissent avec un tas de stratégies d’évitement qui aggravent leurs problèmes et renforcent leurs troubles. Les addictions, troubles alimentaires, les distractions de tout ordre ou d’autres comportements fragilisent de plus en plus l’individu et le maintiennent dans des répétitions qui le rendent de moins en moins capable de réguler les émotions désagréables et cela finit en général en dépression.

Le deuxième mécanisme qui favorise la pathologie psychologique est le fait de cultiver les pensées négatives. Il se trouve que l’être humain n’est pas un animal très fort, ni très habile. Nos ancêtres n’avaient pas des capacités physiques extraordinaires comme certains animaux qui avaient plus de force physique et une meilleure résistance aux conditions environnementales que nous. De plus, nos petits mettaient du temps à devenir adultes et devaient être nourris et protégés pendant des années avant de pouvoir être indépendants. Le seul avantage de notre espèce était notre cerveau qui était bien développé et savait résoudre des problèmes. Nous avons donc appris depuis très longtemps à analyser et résoudre des situations compliquées à travers la réflexion, ce qui nous amène à avoir beaucoup de pensées. En revanche, ces pensées ne sont pas toujours utiles comme les pensées qui concernant le passé (rumination) et les pensées anxieuses concernant le futur du genre : qu’est-ce qui pourrait arriver si….?

Les pensées peuvent même devenir intrusives lorsque nous ne les avons pas sollicités comme par exemple quand nous nous réveillons en pleine nuit et nous commençons à cogiter à propos de nos soucis ou à propos de n’importe quoi, ce qui peut causer des troubles du sommeil. Globalement l’être humain pense trop et dans certaines situations cela peut nous empêcher de passer à l’action ce qui est appelé la paralysie de l’analyse. Cette tendance de trop penser est une façon de vouloir avoir le contrôle et de se mettre à l’abri des dangers, mais elle peut aussi nous amener à cultiver nos problèmes et ainsi nous sentir insécure. Cette tendance à trop penser peut même nous amener à être distrait et ne pas nous rendre compte de ce qui se passe dans l’instant présent puis de faire des erreurs.

Ainsi nous analysons depuis des milliers d’années notre environnement pour détecter les dangers ou problèmes qui pourraient mettre en péril notre survie mais il arrive aussi que nous nous trompons.

Si je regarde une forme courbée par terre en pensant que c’est un serpent venimeux, je ressens immédiatement de la peur et mets mes jambes à mon cou. Les multiples dangers de la nature nous ont rendu très vigilants et enclin à anticiper en permanence ce qui pourrait arriver. Un biais négatif a ainsi été créé et ce comportement poussé à l’extrême s’appelle le trouble anxieux généralisé ou encore la paranoïa qui se solde dans de multiples évitements motivés par l’angoisse.

La troisième raison de notre souffrance est un biais cognitif que nous pouvons appeler la réification. C’est le fait de voir les choses comme si elles étaient permanentes et non changeantes. Ainsi nous avons tendance à penser que des situations vont durer pour toujours et si nous rencontrons des situations difficiles nous avons tendance à être pessimistes et penser qu’elles resteront pour longtemps, voir toujours. Si nous n’admettons pas que les moments heureux ne dureront pas non plus, nous pourrions également être déçus lorsque nos attentes ne seront pas satisfaites et auront de plus en plus de mal à accepter la réalité et de nous adapter à elle. Une inadaptation à la réalité amène à des échecs et des déceptions et fait souffrir.

La quatrième raison est notre tendance à vouloir rassurer notre égo. La raison de ce comportement est la hiérarchisation des êtres vivants qui existe aussi bien dans le royaume animal que dans notre environnement social, car les individus qui ont réussi à monter l’échelle sociale avaient plus de chances de reproduire leurs gènes. Ainsi nous avons tendance à nous comparer aux autres et cette comparaison n’est pas toujours flatteuse. En nous comparant, nous pouvons nous sentir soit meilleur ou pire que les autres. Ainsi nous avons tendance à nous demander en permanence si nous sommes assez intelligents, assez fortunés, assez beaux et forts, assez généreux, si nous avons réussi ou échoué, si nous sommes acceptables et aimables par les autres ou non.  Les questions sensées augmenter notre estime de soi peuvent semer le doute et peuvent avoir pour résultat de la diminuer. Nous voici avec des problèmes de confiance en soi qui produit l’invalidation de soi et de l’anxiété sociale.

Pour toutes ces problèmes psychologiques il y a heureusement un antidote et ce remède consiste en la pratique de la méditation en pleine conscience.

Dans la pratique de la méditation, nous apprenons à nous familiariser et faire la paix avec nos démons. Lors de cette pratique, nous pouvons rencontrer ce que nous avons essayé d’éliminer de notre conscience et qui peut causer des perturbations, car ces éléments ne sont pas intégrés. Qu’il s’agit d’un vécu traumatique ou de problèmes émotionnels non résolus, ces éléments même perturbants peuvent être rencontrés grâce à la capacité du méditant à s’établir et se stabiliser dans le corps.

Ainsi le Bouddha a pu vaincre ses démons un par un simplement en étant assis sous un arbre pendant 40 jours dans une posture d’accueil et de stabilité émotionnelle. Dans la méditation on appelle cela l’éveil. 

Ainsi le Bouddha a pu vaincre ses démons un par un simplement en étant assis sous un arbre pendant 40 jours dans une posture d’accueil et de stabilité émotionnelle. Dans la méditation on appelle cela l’éveil. 

A travers cette posture que nous appelons aussi équanimité (être d’humeur égale) nous développons une plus grande tolérance pour nos affects. Nous pouvons ressentir la colère, l’angoisse, la tristesse, la culpabilité sans immédiatement réagir et sans créer des histoires qui nous amènent souvent encore plus profondément dans la détresse émotionnelle.

Le fait que nous pensons que nos pensées disent vrai, que ce sont des faits et qu’elles ont de l’importance ont comme résultat que nous devenons nos pensées, c’est-à-dire nous nous identifions à elles. La méditation en pleine conscience nous apprend de voir une pensée comme une pensée, c’est-à-dire un évènement mental et non comme une vérité en soi ou une incitation à poursuivre la cogitation qui peut déboucher sur des ruminations incessantes lorsque le problème n’est pas soluble.

La méditation nous apprend que penser est  » juste quelque chose qui se passe en nous » et que ce n’est pas différent d’autres évènements dans notre corps et que nous pouvons mettre notre attention dans un autre de nos sens comme écouter, voir, sentir le corps.. Nous pouvons également nous rendre compte à quel point nos pensées prennent racine dans nos états émotionnels. Dans la méditation nous pouvons défusionner de nos pensées en les voyant comme des phénomènes passagers qui ne sont pas personnels. Une étude de Harvard a d’ailleurs démontré qu’un esprit qui vagabonde, c’est-à-dire qui cogite est malheureux.

La méditation peut aussi nous aider à sortir de la personnalisation de notre existence et d’avoir des expériences qui nous montrent que nous ne sommes pas séparés de ce qui nous entoure, mais connectés à un vaste monde qui nous dépasse et cela nous permet de dépasser notre propre point de vue et être moins auto centré. Il a été prouvé scientifiquement que cette conscience transpersonnelle est fortement corrélée à la santé psychique, car elle nous sort de nos préoccupations d’estime de soi et de ses écueils.

Etude sur la réduction de stress chez le soignants par la pratique de la méditation

Cette etude et cette méta-analyse indiquent que les programmes basés sur la méditation en pleine conscience sont un moyen efficace pour réduire le stress parmi les soignants hospitalier. Il s’agit d’un ajout important à la littérature car les niveaux de stress chez les soignants sont élevés (McCray
et al., 2008 ; Sturgess & Poulsen, 2008) et les améliorations
dans ce domaine peuvent accroître la satisfaction des patients, la qualité des soins (Krasner et al., 2009) et réduire les coûts des soins. En outre, l’étude a illustré que tous les programmes basés sur la mindfulness, et pas seulement le programme MBSR, peuvent être bénéfiques pour la réduction du stress des soignants.

Référence étude:

Etude: How Effective are Mindfulness-Based Interventions for reducing Stress Among Healthcare Professionals. A Systematic Review and Meta-Analysis

Amy Burton1*, Catherine Burgess1, Sarah Dean1, Gina Z. Koutsopoulou2 & Siobhan Hugh-Jones2

Absence de Fondation


Nous cherchons tous des fondations solides. Pourtant, si nous y regardons de près, nous découvrons qu’il n’existe vraiment aucun point d’appui tel que celui-là. Au début, cette sensation fait peur. C’est pourquoi nous passons presque tout notre temps à construire une stabilité, à tracer des frontières et des limites, pour tenter de définir et solidifier notre terrain. Comme c’est épuisant et insatisfaisant ! C’est particulièrement évident quand nous sommes confrontés à un événement qui bouleverse la vie, à une urgence médicale, à un diagnostic imprévu, à une crise dans la vie de nos enfants. C’est dans ces moments que notre sens habituel du terrain est ébranlé. Souvent, c’est la condition indispensable pour entrer à la clinique du stress.
Les gens arrivent, avec un sentiment d’insécurité, mal à l’aise face aux changements dans leur vie, et désireux malgré tout de chercher un remède à cela. Ils se disent souvent choqués, en colère, découragés, déprimés, écrasés d’impuissance et de confusion. Pourtant, tous ces ingrédients sont les étincelles et le combustible nécessaires à la transformation. Les gens viennent dans un état d’agitation — ce que les médecins appellent perturbation. Cette perturbation, c’est l’absence de fondation (groundlessness) elle-même. L’éclatement de ce qui est stable, sûr, connu, et que l’on prend pour acquis. En raison de cela, ces moments peuvent également être des catalyseurs d’un développement profond et inattendu. C’est souvent là que commence le travail de la pleine conscience, et comme vous pouvez le voir dans le déroulement des cours hebdomadaires, les gens dont les conditions de santé vont d’un état où la vie est menacée à un état de malaise chronique commencent à apprendre à danser avec l’incertitude, l’utilisant comme terrain de découverte pour des possibilités jusqu’ici insoupçonnées.
De même, entrer pleinement en ce lieu avec quelqu’un d’autre exige que nous, en tant que professionnels de la santé, soyons nous-mêmes à l’aise dans cet espace. Il s’agit bel et bien d’être prêt à entrer dans un espace ouvert et sans limites, à chaque instant, et à danser au bord du chaos, tandis que l’on débusque nos tendances à errer, à reprendre nos vieilles habitudes, à remplir les espaces vides. À faire quelque chose. N’importe quoi ! Pourtant, aider, dans la perspective de la pleine conscience, veut souvent dire ne pas faire ce qui est attendu ou désiré. Pour bien faire ce travail, rien ne doit être promis, hormis la promesse de l’incertitude, le champ ouvert du possible.

PRATIQUE

Travailler avec l’incertitude
Peut-être qu’il n’y a pas de fondations solides. Peut-être que l’on perd la plus grande partie de sa vie à essayer de se créer un tel espace imaginaire. Dans les centaines de moments au long d’une journée, d’une semaine, de l’année prochaine, donnez-vous l’espace pour commencer à explorer cette notion de solidité. Observez combien de temps vous passez à essayer de construire un sens de permanence. Commencez à être attentif aux innombrables moments au sein ou en dehors de la relation thérapeutique, pendant lesquels vous tentez de construire et de fortifier un monde connu et préservé. Est-ce que cela crée plus ou moins de tension, plus ou moins de dureté, plus ou moins de joie ? Observez ce qui se passe dans le corps, et la nature des vagues qui envahissent l’esprit, quand vous vous accrochez à un tel espace. Faites l’expérience, dans le laboratoire vivant
qu’est votre vie, de ce qui pourrait se passer si vous passiez moins de temps à construire un état de stabilité imaginaire, et appreniez plutôt à chevaucher les vagues de votre vie.
Peut-être qu’il y a pour nous tous, au fond du vaste filet de nos vies, un trésor qui attend d’être découvert, et que l’on désigne généralement sous le terme d’« incertitude » !

Chapitre extrait de l’ouvrage en anglais Heal ThySelf: Lessons on Mindfulness in Medicine de Saki Santorelli

L’expérience somatique de Peter Levine

carte-corporelle-e-cc-81motion-activationPeter Levine est un spécialiste reconnu qui utilise l’expérience somatique dans le soin des personnes traumatisées. Il a réussi à guérir des personnes gravement traumatisés, y compris des enfants grâce à ce qu’il appelle l’expérience somatique qui peut également être une expérience spirituelle.
Voici ce qu’il dit concernant la méditation :
« Lorsque je vois des personnes traumatisées et qui font de la méditation, je les encourage à poursuivre ce qu’ils ont appris dans la méditation pour faire le travail autour de leur trauma notamment dans le fait d’acquérir plus de connexion avec leur corps, puis d’utiliser cette connexion pour continuer à développer encore plus de connexion avec leur corps pour arriver à ce que nous pourrions appeler l’attention incorporée.
Pour moi, la chose la plus intéressante dans la méditation est l’expérience basée sur des sensations corporelles.
Nous savons de par notre travail avec des personnes traumatisées que nous ne nous approchons pas toute de suite de leurs sensations difficiles, mais nous savons aussi que quoique nous ressentons aussi difficile ou douloureux que cela puisse apparaître, nous sommes capable de le toucher, de le ressentir.
Les sensations corporelles comme des émotions peuvent être des contractions, mais elles peuvent aussi se décontracter et s’étendre.
Parfois, je suggère à mes patients de juste tenir leur main en face d’eux afin de faire descendre leur attention à l’intérieur de leur corps. Regardez juste votre main devant vous et fermez là lentement…..ouvrez là…….et fermez la très lentement à nouveau.
Au lieu de regarder, faites cet exercice, mais très très lentement, le plus lentement possible en ressentant ce que cela fait d’être dans votre main lorsque votre main s’ouvre…..,lorsque votre main de ferme dans un poing…. en une contraction et très lentement lorsqu’elle s’ouvre, s’ouvre, s’ouvre dans une expansion. Lorsque nous sommes angoissé, nous sommes très contractés, mais nous pouvons aussi ouvrir et détendre.
Lorsque les gens trouvent ce rythme, il devient leur rythme par défaut. Au lieu de rester bloqué dans la contraction,ils peuvent sentir : oh, maintenant, je suis dans la contraction, mais ensuite cela change et cela se transforme en une ouverture, en une expansion.
La contraction et l’expansion sont des expériences subtiles que le méditant peut faire grâce à sa pratique et lorsque nous sommes confrontés aux expériences traumatiques, ces exemples ont une valeur inestimable.
Il en est de même pour la méditation marchée qui développe notre attention incorporée. Nous ressentons notre corps en mouvement et ce corps en mouvement nous permet de faire l’expérience d’un paysage intérieur. »

Voici un  autre article sur le l’expérience somatique

Les neuf attitudes de la pleine conscience

Les 9 attitudes cultivées par la pleine conscience

img_1992Moi, je, à moi…. Ce sont des concepts très problématiques, parce que la personne que nous pensons être et la personne est très différent de la personne que nous sommes.

A travers la pratique de la pleine conscience nous développons une attitude de non vouloir, de laisser être, de lâcher prise, de confiance et de patience. Nous la cultivons avec nos parents, notre partenaire, nos enfants tout en approfondissant la pratique formelle et informelle de la méditation.

Le non jugement est le vrai discernement. Nous découvrons rapidement que nous avons des idées sur tout. Ceci est bien, ceci n’est pas bien. Nous pouvons être conscient de notre tendance à juger et de ne pas le faire.

Noir et blanc : bon ou mauvais, ce que nous voulons et ce que nous ne voyons pas, nous nous enfermons dans cette attitude
Grace à la méditation, nous cultivons cette attitude de discernement, d’observation de ce qui se passe à l’instant et acquérons ainsi un degré de clarté, de sagesse et d’interconnexion avec les choses.
Le fait de reconnaître que le jugement crée un voile devant nos yeux, le fait de ne pas voir les choses comme elles sont, mais comme nos yeux veulent les voir.

Petit à petit nous naviguons à travers notre jugement de façon à ce qu’il ne domine plus notre vie. Plus nous restons dans le discernement, plus nous pouvons vivre de façon authentique et ne pas nous faire emprisonner dans les habitudes de notre esprit.

Je suis impatient d’aller vers la prochaine chose importante dans ma vie et ne pas de rester dans le moment présent, pourtant les choses ne peuvent être précipitées. Lorsque nous sommes pressés, nous ne sommes pas là où nous devrions être. Nous sommes impatients avec les autres, au travail, de terminer telle ou telle chose. La patience est un facteur puissant de guérison. Au lieu de vouloir faire éclore le papillon avant l’heure, nous pouvons gagner en sagesse et profondeur lorsque nous habitons le moment présent.

L’attitude du débutant est une belle attitude. Tout instant devient nouveau et frais. A cause de nos multiples désirs, nous ne pouvons pas voir le moment présent comme il est. Nous avons du mal à voir les personnes où les choses autour de nous avec curiosité et notre grande expertise ou expérience ne laisse aucune place pour la nouveauté.

Il y a des possibilités infinies de voir tous les aspects de votre avec fraicheur et cette fraicheur comporte des possibilités de transformation. Si vous ne pensez plus que les gens sont comme ils étaient il y a des mois ou des années vous ouvrez des portes pour des relations plus riches, plus bénéfiques.

Lorsque nous cultivons de l’intimité avec nous même, nous développons aussi de la confiance en nous même et en notre corps, confiance dans la sagesse naturelle de notre corps. En général nous ne prêtons pas attention à notre corps jusqu’à ce qu’il arrive quelque chose. Nous pouvons faire confiance à la respiration, à nos yeux, aux organes qui s’occupent de notre métabolisme. Si de si belles choses se passent dans notre organisme, pourquoi cela serait différent dans notre esprit ou dans nos relations. A travers la méditation, nous pouvons apprendre à nous faire confiance.

Lorsque nous cultivons de l’attention méditative, nous adoptons une posture inhabituelle, nous laissons les choses être sans vouloir aller ou arriver quelque part.
Nous sommes avec la vie qui se déploie sans agenda. Cette attitude nous restaure, nous guérit de notre attitude à vouloir échapper ou retourner dans le passé ou arriver le plus vite possible dans le futur. Il y a tant de choses sur notre liste des choses à faire. Pratiquer le non faire, car ce qui est là est déjà assez, même si ce n’est pas à votre goût. Lorsque le faire émerge de l’être il est en général plus approprié à la situation.

Laisser aller ou laisser être est l’attitude opposée de celle qui veut s’accrocher, se cramponner, même si c’est juste à une idée. Laisser être nous rappelle qu’il est possible de ne pas être obligé de repousser ou de s’accrocher outre mesure quel que soit notre désir de changer les choses.
Dans certains pays d’Asie on attrape les singes avec un piège de noix de coco. Le singe ne veut pas lâcher ce qu’il y a dans la noix de coco et se fait attraper, alors qu’il lui suffit de libérer la choses et la main peut sortir du piège.
Lâcher prise et le pas vers la liberté. A chaque fois que vous remarquez que vous vous accrochez, vous pouvez vous souvenir que vous pouvez aussi lâcher prise. La respiration peut nous apprendre cela également, vous ne pouvez pas faire que des inspirations, car il n’y aura pas d’espace.

Amener de la gratitude dans l’instant présent, de dire par exemple que le corps est en vie, nous sommes en vie. Nous prenons tant de choses pour acquises, mais nous pouvons aussi remercier cette respiration, ce corps, cette vie pour ce qu’elle nous apporte.

La générosité est également un puissant transformateur. Lorsque vous vous donnez du temps et de l’attention aux autres, vous leur apportez de la joie. Tous les attitudes sont en quelque sorte des attitudes qui viennent du cœur.
Lorsque vous pratiquez le non agir, vous pratiquez également les autres attitudes et ces attitudes expriment la gentillesse, la bienveillance.

Extrait d’une conférence de Jon Kabat Zinn